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Les crimes de Staline... Quelles preuves ?
12 avril 2012

3. La voie tracée par les "transfuges haut placés et autres témoins oculaires"

En matière de perversité historique, il faut décidément toujours en revenir à Hannah Arendt... Reprenons ce qu'elle nous disait à propos de la hiérarchie très particulière dans laquelle elle voulait à tout prix insérer les "documents" qui finissaient par lui paraître acceptables :
"La biographie de Hitler par Konrad Heiden et celle de Staline par Boris Souvarine, toutes deux écrites et publiées dans les années 30, sont à mains égards plus précises et à tous égards plus importantes que les biographies classiques, par Alan Bullock et Isaac Deutscher respectivement. Il y a sans doute bien des raisons à cela, mais l'une d'elles est certainement le simple fait que les documents, dans les deux cas, ont tendu à confirmer et à compléter ce que l'on avait toujours su par les transfuges haut placés et autres témoins oculaires."

Lorsqu'il s'agit de l'Union soviétique, l'analyse historique doit toujours commencer par les récits des transfuges haut placés et des témoins oculaires. Ceux-ci évoquant toutes sortes de crimes qui ne figurent d'abord dans aucun document (cf. la facilité diabolique avec laquelle Staline a toujours réussi à faire disparaître tous les documents d'époque, ainsi que des dizaines de millions de cadavres), il est assez logique d'attendre que les "bons" documents apparaissent, et c'est heureusement le cas, comme nous l'indique Hannah Arendt ci-dessus à propos de ces "documents" qui "ont tendu à confirmer et à compléter ce que l'on avait toujours su".

Certes, l'habileté est, pour la perverse Hannah, de faire valoir les preuves qui concernent le Führer, en lieu et place de celles dont on ne dispose pas lorsqu'il s'agit de Staline... Car, pour incriminer Adolf Hitler, il n'est, bien sûr, pas nécessaire de faire valoir les témoignages des transfuges haut placés et autres témoins oculaires : les cadavres jonchaient la totalité du territoire européen, pour ne pas parler du reste...

Ne disposant pas, quelques dizaines d'années plus tard, d'outils plus performants que l'ignoble Hannah, voici le langage que Robert Conquest nous tient en 1995 lorsqu'il veut établir un parallèle avec une Histoire de la deuxième guerre punique en mal, elle aussi, de documents :
"De même, les seules sources raisonnablement véridiques dont disposait un historien du stalinisme étaient les données transmises par des émigrés ou des transfuges. Toutes n'étaient pas pertinentes, et de loin, et les lacunes restaient profondes. A la fin des années 60, cependant, les révélations de l'époque khrouchtchévienne permirent de les compléter."

De les "compléter" : tout est là. Des documents "historiques" ne peuvent être pertinents que s'ils viennent remplacer les documents authentiques que, décidément, on ne parvient pas à retrouver (idem, pour les dizaines de millions de cadavres), et seulement pour compléter les témoignages de celles et de ceux qui avaient tout intérêt à inventer un maximum de crimes... forcément "vrais" puisqu'on ne retrouve ni documents, ni cadavres. Jolie méthode qui constitue, comme nous l'a dit Robert dans une parenthèse très significative, "une marge d'erreur qui équivaut à une remarquable mise en accusation du stalinisme", et non pas des "soviétologues" véreux du modèle Arendt ou Conquest.

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