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Les crimes de Staline... Quelles preuves ?
15 avril 2012

1. Au carrefour des faussaires

Après Hannah Arendt et la réédition, en 2002, de son ouvrage "Les Origines du totalitarisme" initialement publié en 1949, puis agrémenté d'une "Préface" datant de la période juin 1966-novembre 1971, après Ernst Nolte et son livre "La guerre civile européenne" édité initialement en 1987, nous arrivons à la réédition en 1995, par Robert Conquest, de "La Grande Terreur" (1968) et de "Sanglantes Moissons" (1985), qui ont fait de lui le principal pourvoyeur en accusations assassines contre Joseph Staline.

Un rapide coup d'oeil jeté sur la bibliographie abondante et sur l'index, que ce troisième larron fournit en fin de son volume, nous permet de constater que ni Nolte ni Arendt n'y apparaissent. Or, en ce qui concerne celle-ci, nous allons très vite constater qu'elle est pourtant bien présente... dans ce que révèle la "Préface" à l'édition française rédigée en 1995 tout spécialement par Robert Conquest lui-même.

En effet voici comment, en ce qui le concerne, ce procureur intrépide nous prépare à avaler un maximum d'invraisemblances :
"Un mythe universitaire moderne veut, en fait, que les « documents » représentent une source d'information supérieure aux récits « subjectifs » de participants directs. C'est très relatif."

Comment, immédiatement, ne pas songer à ce que nous avions trouvé sous la plume de Hannah Arendt rédigeant la "Préface" ci-dessus évoquée :
"Seule addition importante à nos connaissances, le contenu des archives de Smolensk (publiées en 1958 par Merle Fainsod) a montré à quel point la pénurie du matériel documen-taire et statistique le plus élémentaire demeure l'obstacle décisif à toutes les recherches sur cette période [1929-1953] de l'histoire de la Russie." (page 198)

Ainsi, en 1995, six ans après la chute de l'U.R.S.S., et alors que, peut-être, certaines archives pourraient enfin parler, n'y aurait-il toujours pas plus de documents qu'en 1949, ou encore en 1958, ou même en 1968, ou bien en 1971, sans parler de 1985 ?

Obstacle décisif, encore et toujours ?

Pas nécessairement, considère monsieur Conquest, qui nous assène immédiatement cet argument décisif :
"Nous ne possédons strictement aucun document (sinon deux ou trois traités, et encore, transmis de seconde main) sur la deuxième guerre punique, alors que nous sommes pourtant assez bien informés à son sujet."

Pourquoi donc se fatiguer, dès lors, à rechercher des documents sur quoi que ce soit ?... Tous les bobards se trouveront d'abord à égalité : il suffira ensuite de faire le tri.

Eh bien, non, nous rétorque immédiatement notre auteur. Certes, il nous est arrivé d'aller sur ce mauvais chemin, mais nous en sommes revenus depuis longtemps...

Il y avait donc le cas des guerres puniques, avons-nous dit, or, écrit-il immédiatement après les mots « à son sujet » :
"De même, les seules sources raisonnablement véridiques dont disposait un historien du stalinisme étaient les données transmises par des émigrés ou des transfuges." C'est bien là où nous avons fauté, car, le reconnait-il bien volontiers (et c'est la suite immédiate) : "Toutes n'étaient pas pertinentes, et de loin, et les lacunes restaient profondes."

Mais - et voilà qui change tout définitivement et sans qu'il faille davantage s'inquiéter d'éventuels documents - (nous citons toujours sans rien couper) :
"À la fin des années 60, cependant, les révélations de l'époque khrouchtchévienne permirent de les compléter."

Au surplus, déjà mordu plusieurs fois, Robert Conquest a pris une assurance tous-risques que voici :
"Aucune source, qu'elle soit documentaire, de première ou de seconde main, n'est infaillible."

Ah, faible monde, que le monde humain !

Mais, Staline, voilà le mal absolu, et qui ne souffre aucune démonstration !

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