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Les crimes de Staline... Quelles preuves ?
23 avril 2012

Q. - Quand Nolte veut bien jouer cartes sur table

     Comme nous l'avons vu, Ernst Nolte ne se range pas dans la catégorie des antibolcheviques qui accordent foi aux trente-six millions de morts d'avant les années 1920-1922.

     Si maintenant nous le laissons remonter le fil du temps jusqu'à la fin de l'année 1919, voici ce qu'il trouve à nous dire de la situation en Russie soviétique deux ans après la révolution d'Octobre :
     "La bourgeoisie et la noblesse russes, en revanche, n'existaient plus, même si de nombreux membres de ces deux couches avaient, à titre individuel, échappé à l'anéantissement physique et trouvé un refuge quelque part dans l'immense bureaucratie soviétique : les classes exploiteuses étaient liquidées, conformément au programme du parti, et largement plus d'un million de leurs représentants, au prix d'un des plus grands exodes que le monde ait connus, s'étaient tant bien que mal recasés dans les divers pays d'Europe." (page 119)

     Laissons momentanément de côté la petite surprise de découvrir que les si terribles bolcheviks aient pu tolérer que soit offert un refuge dans leur propre "bureaucratie" à de "nombreux" membres de la bourgeoisie et de la noblesse. Ce qui était, en fait, le résultat d'une politique délibérément mise en oeuvre par Lénine et pour des raisons que nous ne considérerons que plus tard.

     Par ailleurs, c'est Ernst Nolte lui-même qui, dans le texte ci-dessus, souligne les termes "classes exploiteuses" et "liquidées", ce qui renvoie à la terminologie effectivement utilisée par Lénine et l'ensemble des bolcheviks d'une "élimination de la bourgeoisie en tant que classe", et non pas d'une "extermination" des individus qui la composent.

     Dans un pays qui interdit soudainement l'exploitation du travail d'autrui, la place antérieurement occupée par le bourgeois n'existe plus en tant que telle. L'individu ou le groupe d'individus qui se montreraient réfractaires à la loi nouvelle devraient nécessairement tomber sous le coup de celle-ci (quelle qu'en soit la rigueur) ou prendre le parti de fuir à l'étranger... pour y faire éventuellement fructifier des capitaux arrachés au pays d'origine, ou pour, plus simplement, y survivre. Il n'y a pas de moyen terme. 

     La question du niveau de la violence étatique instaurée par les bolcheviks pour assurer le salut public à l'intérieur de la Russie soviétique ne peut être résolue qu'en observant le comportement concret des diverses fractions de la bourgeoisie réfractaire.

     Appliquons ce raisonnement à la phrase de Nolte : "largement plus d'un million de leurs représentants... s'étaient tant bien que mal recasés dans les divers pays d'Europe". Il est certain que parmi eux (et elles), la diversité des conditions couvrait un spectre assez large. Il n'est par ailleurs pas interdit de penser que les transferts de capitaux - pour celle et ceux qui en disposaient - ont dû atteindre une somme totale assez importante.

     Mais au-delà, combien étaient celles et ceux qui, avant leur départ, avaient fait le coup de feu contre les nouvelles autorités du pays et contre les citoyens et citoyennes qui s'en trouvaient solidaires ?

     Voilà les questions accablantes de banalité auxquelles il est impossible de ne pas répondre avant de prétendre faire le compte des crimes de Staline ou de qui l'on voudra.

     Reprenons maintenant le fil des explications que nous fournit Ernst Nolte :
     "La politique de liquidation des koulaks en tant que classe et la politique de collectivisation de l'agriculture se sont traduites par la mise en oeuvre, partout dans le pays, d'une extraordinaire campagne d'expropriation : les koulaks furent chassés de leurs exploitations et déportés, avec femmes et enfants, dans des régions éloignées où une grande partie d'entre eux périrent de faim ou à la tâche, dans les camps forestiers de l'Oural ou sur les chantiers de construction du canal de la mer Baltique à la mer Blanche. Les récits que firent ces paysans de leur aventure ne nous sont parvenus qu'indirectement, mais Merle Fainsod, dans son ouvrage Smolensk under Soviet Rule, a tracé un tableau détaillé de ce qui s'est passé dans cette région occidentale de la Russie, en exploitant les archives dites de Smolensk, tombées en 1941 aux mains des troupes allemandes avant d'être conservées aux Etats-Unis." (page 167) (Là encore, c'est Nolte qui souligne : "liquidation des koulaks en tant que classe".)

     Ici, à nouveau, nous voyons qu'Ernst Nolte refuse de s'en laisser trop conter par des gens manifestement en délicatesse avec la vérité historique. Mais ces morts dues à la faim ou à l'épuisement, serait-il incongru de lui demander si elles sont la conséquence d'une volonté d'extermination à attribuer (selon la fortune du pot) aux bolcheviks ou aux Juifs ?

     Halte-là, paraît cependant s'exclamer Ernst Nolte, qui poursuit, et nous avec lui pour une fois :
     "Dans la réalité, il n'est pas possible que des millions d'hommes se laissent dépouiller de leurs biens et priver de leur liberté sans opposer la moindre résistance. D'assez nombreux membres du parti furent victimes d'actes terroristes [souligné par E. Nolte], des millions de têtes de bétail furent abattues. La conséquence en fut la grande famine de 1931 à 1933, qui coûta la vie à plusieurs millions [c'est bien Nolte qui l'écrit] de personnes et à laquelle succombèrent des villages entiers, en Ukraine notamment." (page 168)

     La famine comme conséquence d'actes terroristes perpétrés au détriment des bolcheviks détenteurs de la majorité, et au détriment de l'alimentation (de survie) de la population d'un pays assailli sur ses différentes frontières!... Décidément Ernst Nolte connaît bien plus de vérités que n'ont cru devoir en retenir les si piteux antistaliniens français d'aujourd'hui.

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