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Les crimes de Staline... Quelles preuves ?
24 avril 2012

P. - Quand Ernst Nolte nous fait des cachotteries

     Après avoir dressé un rapide catalogue des principales organisations qui, en Allemagne, mirent au premier plan de leurs préoccupations la lutte antibolchevique, Ernst Nolte nous signale un phénomène qu'il juge étrange :
     "Il est pourtant indubitable que ces hommes trouvaient crédibles les nouvelles que nombre de contemporains considéraient, eux, comme de tristes exagérations, par exemple l'annonce que la domination du bolchevisme aurait déjà fait pas moins de trente-cinq millions de victimes, si l'on comptabilisait les personnes mortes de faim." (page 142)

     Et mortes de faim, pour quelles raisons ? Nous le savons de la bouche de Lénine : par suite des interventions ciblées des forces militaires franco-britanniques agissant sur les terres agricoles riches situées dans des zones majoritairement tenues par les koulaks qui ne pouvaient qu'y trouver le plus grand bénéfice politique et économique.

     Saluons, au passage, ce phénomène de la séparation, interne aux antibolcheviques, entre ceux qui "croyaient" déjà vers 1920 aux trente-cinq millions de victimes du bolchevisme (puisque la famine ne peut qu'être de sa responsabilité), et ceux qui n'y "croyaient" pas.

     Or, en ce point précis, Ernst Nolte montre bien que lui-même ne peut que rester incrédule. Mais voici qui lui paraît beaucoup plus sérieux :
     "On se trouve, en revanche, en présence d'une interprétation d'une nature qualitativement nouvelle lorsqu'on parcourt la brochure d'un autre Balte, appartenant lui aussi au milieu entourant Dietrich Eckart, Pest in Russland (Peste en Russie) d'Alfred Rosenberg. Cette interprétation est fondée sur l'association de deux états de fait qui ne sont pas contestables en soi et à qui il convient tout au plus d'apporter des corrections de détail : d'une part la chute de
« l'intelligence nationale russe » ainsi que de la bourgeoisie ; d'autre part, la forte proportion de « Juifs », c'est-à-dire de personnes d'origine juive, dans les postes de direction du parti et du gouvernement soviétiques. De cette association, Rosenberg tire la conclusion que des éléments « ethniquement étrangers » (fremdvölkisch), en particulier des Juifs, sont en train d'exterminer systématiquement et de fond en comble la culture et la liberté." (page 143)

     Que les Juifs soient dans le coup, c'est donc un "fait qui n'est pas contestable en soi".

     Venons-en à un appel d'Hitler dont Ernst Nolte nous dit qu'il date du début des années 20, peu après l'assassinat de Walter Rathenau (24 juin 1922), et qu'il s'adresse à la direction du parti national-socialiste :
     "Souhaitez-vous attendre de voir dans chacune de nos villes des milliers d'Allemands pendus aux réverbères ? Souhaitez-vous ne rien faire jusqu'à ce que, comme en Russie, une commission bolcheviste criminelle entre en fonction dans chaque cité et envoie ad patres, en tant que
« contre-révolutionnaires », tous ceux qui ne voudront pas se soumettre à la dictature ? Voulez-vous attendre de trébucher sur les cadavres de vos femmes et de vos enfants qui, tout comme à Moscou ou à Saint-Pétersbourg, « facteurs de l'augmentation de la bourgeoisie », doivent être mis hors d'état de nuire ? Non, crierez-vous. Et pourtant nous vous le disons : tout cela sera accompli aussi méthodiquement qu'en Russie si vous ne prenez pas conscience que c'est maintenant qu'il vous faut combattre si vous voulez vivre." (pages 146-147)

     C'est après l'avoir parcourue et y avoir vu peut-être ce que Nolte lui-même prétend qu'il faut y voir ("une invitation à l'autodéfense résolue, naturelle et totalement justifiée au cours d'une guerre civile, dès lors que cette dernière est effectivement engagée ou qu'elle menace de l'être", page 146), que nous recevons un aveu de Nolte à propos de sa version du texte d'Hitler :
     "Ma citation de cet appel a omis un mot." (page 147) (Mais qu'il est donc espiègle, l'admirateur inconditionnel du Führer!)

     Avant de découvrir quel est ce mot, voyons pourquoi ce texte ne nous a d'abord été livré que dans cette version corrigée :
     "On a affaire là  à un noyau rationnel si, bien entendu, une condition est réalisée, et elle ne l'était pas vraiment, même en Allemagne - à plus forte raison encore dans les autres pays occidentaux - et seul l'exemple russe pouvait faire croire qu'elle l'était." (page 147)

     Résumons : la bourgeoisie allemande ne trouvait sur le territoire allemand aucune raison de devoir craindre d'être exterminée prochainement. Seule sa "croyance" en ces crimes (35 millions de victimes, par exemple) effectivement commis en Russie - pour celles et ceux qui veulent y croire - pouvait servir de "fondation" à sa crainte...
     d'être anéantie par... les bolcheviks en tant que tels ?...

     C'est ce que nous pourrions croire... Et c'est alors qu'Ernst Nolte nous révèle le pot aux roses. Le mot qu'il a fait disparaître, le voici : "juive".
      Et à quel endroit faut-il le faire replacer par Hitler lui-même dans la version que Nolte nous a fournie si obligeamment ? C'est ce dernier qui nous le dit :
     "Introduire l'adjectif juive derrière le mot dictature est déjà une interprétation qui vient envelopper le noyau." (page 147)

     Le noyau... que Nolte juge rationnel. Comme si l'antisémitisme d'Hitler n'était qu'une décoration "malheureuse" ajouter à un pot de fleurs qui se suffisait parfaitement à lui-même.

     Ainsi Adolf Hitler apparaît-il vraiment comme un brave type quand on se permet d'épousseter un peu ses jolis poèmes d'amour pour l'humain en général, y compris les Juifs, mais à l'exception des abominables bolcheviks : et c'est bien naturel dans la charmante Europe allemande d'aujourd'hui où les délicates proses d'un Nolte, d'une Arendt courent nos gentilles bibliothèques publiques sans que personne n'ose s'en offusquer...

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