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Les crimes de Staline... Quelles preuves ?
7 mai 2012

C. - Le mot plutôt que la chose, ou comment se construit un discours historique pervers

     Selon Ernst Nolte, la "peur" dissimulée mais explicative de la "haine" finalement manifestée au grand jour par Hitler et le nazisme n'a plus été à démontrer sitôt que l'attention de cet auteur s'est trouvée attirée par un mot rencontré dans la biographie de Lénine écrite par David Schub. Ce mot est tiré d'un discours de Grigori Zinoviev. Lisons Ernst Nolte :
     "Lors d'une assemblée populaire, le 17 septembre 1918, il déclara : « Des quelque cent millions d'hommes que compte la population de la Russie soviétique, il nous faut en gagner quatre-vingt-dix à notre cause. Nous n'avons pas à parler avec les autres, nous devons les exterminer. » Compte tenu de la difficulté que j'ai eue à me procurer l'article de presse rapportant ces propos, je n'ai pu vérifier le texte russe que plus tard : le mot clef est « unichtozat » et sa traduction par « exterminer » est correcte; « éliminer » ne serait pas adéquat." (page 21)

     Pas adéquat à quoi ? Nous n'en saurons d'abord pas plus. Mais, sous la dénégation, nous voyons que subsiste un doute, puisque "éliminer" est en possible balance, selon Nolte lui-même, avec "exterminer" qui ne prend le dessus que pour être "adéquat" à nous ne savons donc quoi.

     Notons cependant qu'"éliminer", sans même avoir à se trouver agrémenté du poids d'un éventuel "physiquement", est déjà terriblement parlant. Pour le vérifier, insérons-le dans la phrase rapportée de Zinoviev :
     "Nous n'avons pas à parler avec les autres, nous devons les éliminer."

     Mais bien sûr, "exterminer" enlève la possibilité du moindre doute : il y a du crime dans l'air. C'est donc à quoi il est, lui,... adéquat.

     Faisons l'essai d'un "jeu de mots" un peu semblable, même s'il est repris d'ailleurs. Voici un personnage dont j'ai longuement évoqué les paroles et les écrits dans "Une santé aux mains du grand capital ? - L'alerte du Médiator" : Christian Lajoux, P.-DG de Sanofi-France et président, au moment où nous allons le rejoindre, du LEEM, le syndicat patronal des industriels du médicament.

     Comme cela se sait désormais, il a été un de mes voisins d'enfance, ce qui rend plus significative encore pour moi l'épreuve à laquelle je m'apprête ici à le soumettre, mais très brièvement.

     La vidéo sur laquelle je m'appuie date du 25 octobre 2012. Elle est due tout autant à Radio Monte-Carlo qu'à BFMTV. Elle place Christian Lajoux sous le feu des questions du journaliste Jean-Jacques Bourdin qui n'y va pas avec le dos de la cuillère :
     - C'est-à-dire que vous allez supprimer des chercheurs...

     Impavide, parce que n'ayant peut-être pas ressenti l'ombre portée d'un "exterminer" qui vient pourtant chatouiller la conscience de l'auditeur le moins tatillon, Christian Lajoux répond :
     "Non, nous n'allons pas supprimer des chercheurs. Une suppression de postes n'est pas une suppression d'individus. C'est un point extrêmement important."

     Important ? Important à dire, en tout cas, quand on considère que, deux mois et demi plus tard, le 10 janvier 2013 très précisément, un salarié de Sanofi tenterait de se suicider par ingurgitation d'une quantité adéquate de cyanure qui finirait de le tuer le 29 janvier suivant.

     Alors, "supprimer", "éliminer" des postes, des chercheurs, ou... pire?

     On peut le souligner tout de suite - et je m'en porterais garant si nécessaire  : Christian Lajoux n'a rien d'un bolchevik de septembre 1918. Son procès s'arrêtera donc ici. La peur qu'aura fait naître la présence du mot "supprimer" dans la bouche de Jean-Jacques Bourdin puis dans celle du P.-D.G de Sanofi-France ne court pas grand risque de se transformer en haine meurtrière dans le coeur des employé(e)s de Sanofi, qui ne sont pas, elles et eux non plus, des bolcheviks de 1918...

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