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Les crimes de Staline... Quelles preuves ?
18 avril 2012

V. - Petite et grande résistance ; petite et grande entente

     Sous l'éclairage que va nous fournir Ernst Nolte, tournons-nous vers les grandes questions de géostratégie telles qu'elles se présentaient dans l'Europe des années trente. Avec lui, nous découvrons tout d'abord les quatre figures que le système d'alliances était alors susceptible de revêtir.

     Si le caractère d'adversaire principal de la France et de la Grande-Bretagne était attribué à l'Allemagne nazie, la résistance pouvait être réputée grande ou petite selon qu'elle intégrerait ou pas l'U.R.S.S.. Voici donc pour les deux premières configurations : petite résistance sans l'U.R.S.S., et grande avec.

     Si, à l'inverse, l'U.R.S.S. était réputée représenter l'ennemi, l'entente pouvait être grande ou petite, selon que la France et la Grande-Bretagne soutiendraient ou di-rectement ou indirectement... l'Allemagne nazie agissant à l'Est. Directement, l'entente était grande ; indirectement, elle n'était que petite.

     Abstraction faite de la question qu'a pu poser, plus tard, l'intervention des Etats-Unis, mais en notant que la victoire soviétique de Stalingrad, dès janvier-février 1943, a contraint les Alliés à n'avoir plus d'autre choix que celui de se porter finalement contre l'Allemagne nazie lourdement défaite, un problème d'analyse subsiste : face à l'U.R.S.S., quelle position ont réellement choisi de tenir les franco-britanniques et les nazis entre eux ? Qui aura été l'allié ou l'adversaire de qui ? C'est toute l'histoire des ambiguïtés qui auront tour à tour marqué les relations intra-européennes des années 1933-1945, pour dire le moins...

     Or, en face de cet imbroglio généralisé, la nécessaire inquiétude de Staline et des dirigeants soviétiques ne peut que nous sauter rétrospectivement au visage, d'autant qu'à l'intérieur et à l'extérieur de l'U.R.S.S., les opposants, quelquefois directement en contact avec les nazis, prenaient leur place dans le faisceau des stratégies étrangères d'intervention militaire multilatérale contre le pays des travailleurs. 

     Laissons maintenant la parole à Ernst Nolte. Il nous donne ici la position, au début des années trente, du commissaire du peuple aux Affaires étrangères soviétiques dont il faut noter ici qu'il nouera une amitié fructueuse avec le ministre français de l'Air, Pierre Cot, patron et ami d'un certain... Jean Moulin :
     "Litvinov, en dépit de tous ses discours et de tous ses efforts, ne put lui non plus dissiper totalement l'alternative radicale que les théoriciens communistes avaient si longtemps considérée comme inhérente au capitalisme et donc inévitable : une politique de grande entente [souligné par Ernst Nolte] entre les puissances capitalistes, en d'autres termes le feu vert donné à l'Allemagne pour que, une fois le régime communiste anéanti, elle établisse son hégémonie dans l'est de l'Europe. Il est manifeste qu'une telle politique répondait aux intentions profondes de Hitler et elle semblait d'autre part garantir la pérennité des empires coloniaux de l'Angleterre et de la France. Elle rencontrait, par conséquent, des sympathies dans des milieux occidentaux influents. Si elle eut peu d'échos publics, elle n'en affaiblit pas moins considérablement la politique de grande résistance." (pages 274-275)

     D'où cette longue mise en quarantaine de l'Union soviétique qui devait déboucher sur la signature totalement inattendue du pacte germano-soviétique de non-agression d'août 1939... Puisqu'on lui refusait la grande résistance, Staline se défendait ainsi contre la grande entente qui déjà pointait le terrible petit bout de son nez dans sa direction.

     Autrement dit, en lieu et place de la grande résistance incluant l'U.R.S.S. dans la lutte contre l'Allemagne nazie, et avant cette ultime manoeuvre qui a permis aux pays des Soviets d'échapper à un désastre dès 1939, Francais et Britanniques ont tranquillement laissé proliférer cette dangereuse tentation d'offrir à l'Allemagne nazie la responsabilité, avec leur soutien actif, de faire le plus gros du travail pour anéantir l'Union soviétique, et ramasser l'essentiel de la mise.

     Croit-on pas que c'est assez largement ce qui a fini par se produire une cinquantaine d'années plus tard ?

 

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