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Les crimes de Staline... Quelles preuves ?
28 février 2012

47. Dictature contre dictature

Après avoir dit que, selon lui, un compromis était possible entre la paysannerie et le parti bolchevique, mais après avoir passé sous silence que ce compromis avait bien eu lieu (NEP, Inspection ouvrière et paysanne) et - comme il est possible de l'indiquer ici - qu'il perdurerait même, en partie, jusqu'à la disparition de Staline en 1953, donnant alors son point d'origine à la destruction du socialisme entreprise par Khrouchtchev, Robert Conquest dresse un état de l'essentiel de la méthode politique du pouvoir soviétique qui nous paraît aussitôt accablant, tant il correspond à ce que l'idéologie dominante en vigueur dans les pays capitalistes ne cesse de nous dire et de nous redire :
"« Centralisme démocratique » voulait désormais dire « discipline de Parti », c'est-à-dire acceptation d'une « ligne du Parti » décidée par les vainqueurs des affrontements se déroulant au sein du Politburo." (suite du cinquième paragraphe)

Puisque Robert Conquest a décidé de consacrer cette partie à la mise en scène des malheurs de Boukharine (cette "droite" à laquelle Staline va infliger une défaite), il ne sera sans doute pas inutile de rappeler ici ce que Boukharine lui-même avait développé, de façon très pertinente de l'avis même de Lénine, dans l'ouvrage "Economique de la période de transition" (1920) :
"Pendant la période de passage du capitalisme au communisme, la classe révolution-naire, créatrice d'une nouvelle société, est le prolétariat. Le pouvoir étatique du prolé-tariat, sa dictature, l'État soviétique, servent de facteur de destruction des liens écono-miques anciens et de création des nouveaux."

Comme on le constate, il y a équivalence entre dictature du prolétariat et Etat sovié-tique. De fait, tout Etat est la dictature exercée par une classe sociale sur une autre classe sociale. Ainsi l'Etat bourgeois incarne-t-il la dictature des représentants et alliés du capital sur le prolétariat et ses alliés. A l'inverse, tout au long de la période de transition qui va de l'exploitation bourgeoise au communisme, la dictature du prolétariat s'exerce principalement sur les tenants du capitalisme, de l'économie de marché, etc.

Or, comme le montre Boukharine, cette dictature n'est pas une sinécure :
"Le prolétariat dominant a contre lui, dans la première phase de sa domination, 1) les couches parasites (anciens propriétaires, rentiers de toutes sortes, entrepreneurs bour-geois ayant peu de rapports avec le processus de production); les capitalistes mar-chands, les spéculateurs, les courtiers et les banquiers ; 2) issue de ces mêmes couches, l'aristocratie administrative non productive (grands bureaucrates de l'État capitaliste, généraux, évêques, etc.); 3) les organisateurs-entrepreneurs bourgeois, les directeurs (organisateurs de trusts et syndicats, « hommes d'affaires » du monde industriel, grands ingénieurs directement liés au monde capitaliste, etc.) ; 4) la bureaucratie qualifiée celle de l'État, de l'armée, de l'Église; 5) l'intelligentsia technique et l'intelligentsia en général (ingénieurs, techniciens, agronomes, zootechniciens, médecins, professeurs, avocats, journalistes, l'enseignement dans sa majorité, etc.) ; 6) les officiers; 7) la paysannerie aisée; 8) la moyenne et partiellement la petite-bourgeoisie des villes; 9) le clergé, même non qualifié."

Globalement, tout ce qui croyait trouver parfaitement son compte sous la dictature de l'Etat bourgeois...

 

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