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Les crimes de Staline... Quelles preuves ?
26 janvier 2012

80. A propos d'une magnanimité en passe de devenir un véritable crime

Contrairement donc à ce qu'il avait soutenu jusqu'alors, selon Robert Conquest lui-mê-me, hormis l'abominable Staline, il n'y aurait rien à reprocher aux terribles révolutionnaires bolcheviques. La suite et fin du treizième chapitre accumule les exemples qui nous le démontrent :
"Lénine travaillait dans un esprit de camaraderie avec Zinoviev et Kamenev bien qu'il les eût accusés de trahison lorsqu'ils s'étaient opposés au projet d'insurrection armée d'octobre 1917. Boukharine put admettre qu'il avait préconisé un changement de gouvernement et l'arrestation de Lénine en 1918, sans pour autant s'aliéner l'estime du Parti. A l'occasion de l'affaire Rioutine, il apparut que le nouveau Politburo, composé de staliniens, n'acceptait pas automatiquement les décisions de Staline lorsqu'elles entraient en conflit avec des traditions du Parti aussi profondément enracinées que celles-là."

Quelles traditions ? Celles qui consistaient, jusqu'alors, à laisser certains vieux compagnons de Lénine faire à peu près ce qu'ils voulaient, et ceci, en utilisant les moyens d'influence que leur offrait un Parti dont, par ailleurs, ils combattaient plus ou moins sournoisement la ligne. 

Ainsi que vient de nous le rappeler Robert Conquest, trois affaires graves avaient pu passer très vite par pertes et profits... Non seulement Zinoviev et Kamenev s'étaient opposés à Lénine, mais ils avaient publié un article dénonçant le projet d'insurrection au pouvoir alors en place... Choisir d'arrêter Lénine en 1918, c'est-à-dire après le triomphe de la Révolution d'Octobre, qu'était-ce donc ?... Quant à l'affaire Rioutine, qui ne commence à mesurer son extrême gravité, alors que nous n'en sommes encore qu'au tout début des explications fournies par monsieur Conquest ?...

Croit-on qu'il ait suffi d'obtenir les aveux et les excuses des protagonistes de ces différents coups portés à la Révolution, et de les réintégrer très vite dans les sphères dirigeantes du Parti, pour en avoir fini avec le danger qu'ils ne cessaient de représenter, eux que l'on voyait remettre constamment sur le métier cette tentation de la trahison ? Plutôt que magnanime, le pouvoir soviétique n'allait-il pas finir par apparaître comme exagérément faible et indigne de conduire quelque politique que ce soit ?... Et donc bien préparé à recevoir le coup fatal, d'où qu'il vienne ?...

Que le frein à toutes ces activités soit venu de Staline ou de quelque autre, n'est-il pas parfaitement clair qu'il allait devoir un jour se manifester, sauf à tout laisser partir à vau-l'eau... Encore nous reste-il à mesurer ce qui aurait été perdu. Nous n'en sommes pas là.

Nous en sommes à constater une dangereuse dérive qui permet à certains responsables historiques de la Révolution d'Octobre de prendre plus ou moins secrètement des initiatives visant à déstabiliser, par l'extérieur, le régime porteur de la ligne définie autrefois par Lénine et régulièrement réaffirmée par l'immense majorité de la population travailleuse.

Constamment occupé à s'appuyer sur les analyses et directives produites antérieurement par Lénine - qu'il ne cesse de citer de la façon la plus pertinente et la plus créatrice (qu'on le lise un peu, on le constatera très vite) -, Staline ne pouvait ignorer les risques qu'un tel "laissez-faire et laissez-passer" faisait courir à l'ensemble des efforts produits depuis 1917 par les Soviétiques pour installer, pour la première fois au monde, le socialisme.

Après ce rappel, le huitième paragraphe ne manquera pas de prendre un certain sel :
"Il est certain que cette défaite ulcéra Staline. A chacun des grands procès de 1936, 1937 et 1938, les accusés confessèrent leur complicité dans la conspiration de Rioutine qui, d'après leurs aveux, marquait la première coalition des fractions d'opposition sur une base terroriste. C'est quatre ans exactement après l'affaire Rioutine que Staline fit remarquer de manière significative que la Guépéou avait « quatre ans de retard » dans le dépistage des troskystes."

Effectivement, n'y avait-il pas, là, une question redoutable, tandis que, depuis fin janvier 1933, Hitler - dont on savait, depuis Mein Kampf, quel sort il promettait à l'Union soviétique, aux Juifs et aux Slaves - était devenu chancelier d'Allemagne..., et qu'il paraissait y avoir de sérieux liens entre certains opposants à la ligne léninienne et des individus agissant au contact des nazis ?

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